Le vocabulaire du théâtre est riche et il est bon pour tous ceux qui débutent dans les cours de théâtre de connaitre le sens et l’origine de ces expressions.
Ils convient aussi de connaitre les codes du théâtre, les choses à faire ou ne pas faire, à dire ou à ne pas dire. Les gens de scène sont des personnes très à cheval sur ces traditions et très superstitieuses et il est nécessaire de connaitre ces codes afin d’éviter certaines maladresses.
Superstition et tradition
Dès le XVIIème siècle, on commence à créer dans les théâtres des pièces qui nécessitent des décors de plus en plus importants et imposants. Entre les actes d’une pièce, on avait besoin d’hommes sachant manier cordes et poulies avec aisance pour pouvoir monter et descendre les lourds décors dans les cintres. Le théâtre s’est tourné tout naturellement vers les marins et ce sont eux, les premiers machinistes, qui ont amené leurs superstitions au théâtre.
Des superstitions venues de la marine
L’un des exemples les plus connus dans le vocabulaire du théâtre vient de la marine. Par exemple, on ne sifflait pas sur le pont d’un navire, cette tradition est restée au théâtre. On n’emploie jamais le mot « corde » sur un bateau, mais « bout » ou « drisse », car la corde portait malheur, elle servait à pendre lors d’une mutinerie les marins révoltés aux mats des navires. De même au théâtre, on n’emploie jamais ce mot sur scène. Il est remplacé par « fil ».
Lorsqu’un navire faisait une escale dans un port, les marins disaient qu’ils faisaient relâche. Ce mot est resté au théâtre pour les jours où les représentations n’ont pas lieu, en général les lundis.
Les autres superstitions
Une des autres superstitions au théâtre et qui fait partie du vocabulaire du théâtre est la couleur verte. Pour les comédiens elle porte malheur. On pense souvent, à tort, que Molière serait mort dans un costume vert ou que la teinture « verte » de l’époque étant à base d’Arsenic pouvait empoisonner les comédiens. La vérité est plus pragmatique et moins romantique que cela. A l’époque, les scènes de théâtre étaient éclairées uniquement par une rampe de bougies et des réflecteurs en cuivre qui renvoyaient la lumière sur les comédiens.
La couleur porte malheur
Ceux-ci étaient donc éclairés par le bas et lorsqu’ils portaient du vert, cela leur donnait un ton blafard ou mortuaire, d’où le refus pour beaucoup d’en porter. Cette tradition continue encore à se perpétuer chez les comédiens, bien que les éclairages se soient beaucoup modernisés !
Merde n’est pas un gros mot !
Une des plus grandes traditions au théâtre, apprise dans les cours de théâtre, est de s’encourager avant de monter sur scène en disant « Merde ». Jamais on ne dit « bonne chance » à un comédien mais toujours « merde » et celui-ci ne doit jamais répondre « merci » mais « merde ». Cette tradition vient de l’époque où les comédiens étaient payés à la recette. Un théâtre qui faisait salle comble, avait devant son entrée beaucoup de calèches et de chevaux, ce qui générait du crottin. Les spectateurs amenaient ainsi beaucoup d’excréments en entrant dans la salle. D’où les premières expressions des comédiens qui souhaitaient d’avoir beaucoup de « Merde », gage d’une excellente recette !
Attention, elles portent malheur !
Il est usuel, à l’issue d’une représentation d’offrir des fleurs aux comédiennes. Pourtant il en est une qu’il faut absolument éviter c’est l’œillet. A l’époque, il n’y avait pas de contrats écrits d’engagement avec les comédiens travaillant à l’année dans un théâtre. Seul le langage des fleurs était mis en place. Un directeur de théâtre, qui ne voulait pas renouveler le contrat d’une actrice lui envoyait des œillets. Si le contrat était renouvelé on lui offrait des roses.
Un marché avec les fleuristes
Sarah Bernhardt, à son époque, avait conclu un marché avec des fleuristes pour faire la promotion de la rose, elle se faisait photographier entourée de roses (offertes) à l’issue de ses représentations. Cette tradition s’est perpétuée et il est de bon ton à l’heure actuelle d’offrir des roses à une comédienne à la fin d’une représentation. Mais attention pas d’œillets !
Dans un langage un peu plus vert, on disait à la comédienne qui se faisait renvoyer qu’elle l’avait dans le baba, dans le derrière, dans l’œillet !
Langage technique
Lorsque l’on débute dans le théâtre, il y a quelques mots techniques que l’on doit connaitre. Par exemple dans le vocabulaire du théâtre pour désigner le côté droit ou le côté gauche de la scène on emploie le mot « cour » ou « jardin ». Ce sont les machinistes de la Comédie Française, à l’époque de Molière, qui ont employé les premiers ces mots. Lorsqu’ils changeaient les décors, pour les mettre à droite ou gauche de la scène, cela prêtait souvent à confusion car la droite de celui qui est sur scène n’est pas la même droite que celui qui regarde la scène.
Côté cours et côté jardin
La scène de la Comédie Française se trouvant juste au milieu du Louvre et des tuileries, on prit l’habitude de tirer les décors soit là où résidait le roi, « côté cour » soit vers le parc des tuileries « côté jardin ». Ces deux mots sont toujours employés dans tous les théâtres de France pour désigner le côté droit ou gauche de la scène.
Les autres mots directifs sur scène
Lorsqu’un comédien est sur scène, pour lui dire d’avancer vers le devant on emploie le mot « descendre » et lorsque l’on veut qu’il se dirige vers le fond, on emploie le mot « remonter ». Cela se comprend aisément car à l’époque, les scènes de théâtre étaient légèrement en pente afin que le comédien en fond de scène soit toujours vu des spectateurs. De nos jours, la majorité des plateaux (autre nom qui désigne la scène) sont plats afin que le public en gradin puisse bien voir toute la scène, mais les expressions de monter et descendre se perpétuent.
La parole théâtrale
Voici quelques mots, paroles et vocabulaire du théâtre.
Les didascalies : Ce sont les indications de l’auteur, généralement écrites en italique sur le comportement des personnages, description d’un décor, intonation, entrée et sortie d’un personnage etc…
La claque : est un groupe de personnes payées pour applaudir dans le public. Au XIXème siècle, il était courant que le directeur du théâtre ou certains comédiens payent des personnes pour applaudir, rire, sur certains effets. Ils étaient les ancêtres des chauffeurs de salle.
Autre vocabulaire du théâtre
Les pannes : étaient des petits rôles, sans grand intérêt, pour « dépanner » un comédien et arrondir ses fins de mois. Le langage a un peu évolué, on dit qu’un comédien « cachetonne » lorsqu’il accepte un petit rôle pour l’argent mais sans grand intérêt artistique. Certains comédiens pour pouvoir faire leurs heures font aussi de la figuration dans une pièce de théâtre on dit « faire l’hallebardier » ou au cinéma, on appelle cela une « frime ».
L’aparté : Ce sont les pensées du personnage exprimées tout haut ou un mot en direction du public, sans que les autres personnages ne l’entendent. L’aparté est très utilisé en comédie notamment dans les pièces de Feydeau ou Labiche.
Corneille et les Stances
Les stances : C’est comme un monologue mais avec un aspect plus poétique et plus axé sur l’émotion du personnage. Voir les stances de Rodrigue dans le Cid de Corneille.
Autres mots employés :
Voici les autres mots qui font partie du vocabulaire du théâtre :
La stichomythie : Ce sont des répliques courtes rapides, rythmées et parfois violentes.
Le coup de théâtre : Moment inattendu qui renverse la situation et crée l’effet de surprise dans le public.
Deus ex machina : Evénement inattendu qui arrive dans la pièce au bon moment et qui miraculeusement résout tous les problèmes rencontrés par le personnage.
Des mots moins connus
Les Grommelots : Ce sont des répliques faites de son et d’intonation dont les paroles sont incompréhensibles.
Faire une italienne : C’est dire, sans intention de jeu, ni intonation, son texte rapidement. Chaque comédien, récite son texte très vite. Cela permet de se remémorer les répliques pour éviter les trous de mémoire une fois sur scène. Cette expression remonte sans doute à l’époque de Molière où les « Italiens » étaient les grands rivaux du théâtre « Français ». Une boutade pour dire que les Italiens parlaient rapidement et que l’on ne comprenait pas ce qu’ils disaient ou jouaient.
Les mots usuels
Ce sont les mots traditionnels du vocabulaire du théâtre
Faire une allemande : C’est dire le texte en Italienne en ajoutant les mouvements et les déplacements sur scène.
Avoir un blanc : Expression lorsqu’un comédien a un trou noir et que les répliques ne s’enchainent plus comme elles devraient. Avoir un blanc, provoque le trou noir, troublant, non ?
Blézimarder : Couper son partenaire et l’empêcher de dire sa réplique.
Les mots courants employés sur une scène :
Brigadier : C’est le bâton que le régisseur plateau frappe avant le lever du rideau. Il est entrée dans le vocabulaire du théâtre. Onze coups rapides pour appeler les onze muses à « visiter » le lieu et donner de bonnes ondes sur scène et une bonne énergie aux comédiens avant les fameux trois coups. Les trois coups étaient donnés en hommage : pour le premier au roi, pour le deuxième à la reine et pour le troisième à Dieu.
L’échec de la pièce de théâtre
Four : Ce que le directeur et comédiens redoutent le plus, c’est l’échec de la pièce. « Faire un four » désigne la pièce qui ne fait pas venir de monde. A l’époque de Molière (encore), les comédiens pouvaient refuser de jouer si les spectateurs n’étaient pas assez nombreux. On éteignait alors la salle, pour économiser les chandelles et la salle devenait noire comme… un four, d’où l’expression.
Un plateau de théâtre en pente
Descendre vers la rampe : L’expression est facilement compréhensible. Comme nous l’avons expliqué plus haut, le bord de scène était éclairé par une rampe de chandelles et des réflecteurs qui renvoyaient la lumière sur les comédiens. Pour qu’un comédien soit le plus visible, il descendait donc assez souvent vers la rampe. Le cabot (comédien qui ne ménage pas ses effets et veut toujours attirer l’attention sur lui) n’hésitait pas à rester constamment vers la rampe. L’expression est toujours restée de nos jours et l’on parle plus facilement de « rampe » que de bord de scène.
Au XVIIème siècle, la contrainte des auteurs était d’écrire des pièces en plusieurs actes (5 en général). Pourquoi diviser une pièce ainsi et ne pas l’écrire en seulement deux ou trois actes plus longs ? Cette contrainte était d’abord technique. Il fallait diviser la pièce en parties égales. Chaque acte correspondait à la durée de combustion d’une chandelle d’où l’importance de s’arrêter pour pouvoir changer les bougies des rampes.
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