Paris est incontestable la ville du théâtre avec plus de 300 spectacles par semaines et près de 130 salles réparties dans la capitale ainsi que les écoles et les cours où l’on enseigne le théâtre. Nous allons évoquer les plus grandes salles mythiques de Paname et quelques histoires et anecdotes qui les entourent.
Les grandes salles de spectacle disparus
Paris a subi de nombreux changements urbains et les théâtres les plus mythiques ont disparu. Surtout après les transformations de la place de la République par le baron Haussmann et de son plan de restructuration de l’espace parisien. Les théâtres les plus importants étaient ceux situés dans ce que l’on appelait le boulevard du crime, situé sur le boulevard du temple. Ce boulevard devenu célèbre grâce au film de Marcel Carné « Les enfants du Paradis », devait son nom, non pas au côté malfamé de l’endroit mais aux pièces de théâtre qui s’y jouaient. En général c’était des mélodrames donnés dans les théâtres et qui se terminaient toujours par un crime, d’où le nom donné par les parisiens à ce boulevard !
Anthony : la pièce à succès
L’une des pièces les plus joués dans les théâtres et célèbres de l’époque était « Anthony » d’Alexandre Dumas. La célèbre comédienne Marie Dorval jouait le premier rôle et Bocage le rôle-titre. Tout Paris se déplaçait pour venir voir les deux comédiens, attendait avec jubilation cette fin tragique de la pièce où Adèle (Marie Dorval) se faisait assassiner par Anthony (Bocage) et surtout pour entendre la dernière phrase de la pièce, lancé par Bocage, face-public et depuis devenue culte dans le monde théâtral : « Elle me résistait, je l’ai assassinée ! ». Chaque soir fût un triomphe.
Le plus gros succès de Dumas
Les femmes pleuraient, criaient, rêvaient de pouvoir susciter un jour une telle passion. Les hommes se retrouvaient en Anthony qu’ils rêvaient tous d’incarner pour son côté ténébreux et romantique. Tous les parisiens aimaient Adèle et tous les parisiennes aimaient Anthony. Cette pièce controversée car elle montrait l’adultère sous un jour favorable fût l’un des plus gros succès de Dumas et joué dans les théâtres de l’époque. Un soir, à la fin d’une représentation, un nouveau régisseur, remplaçant le titulaire malade, abaissa le rideau de fin par inadvertance juste après le meurtre d’Adèle croyant à la fin de la pièce et empêchant Anthony-Bocage de dire sa dernière réplique.
Marie Dorval et l’art de la réplique
Scandale, émeute, cris et hurlements dans la salle. Marie Dorval, se releva alors, stoïque, écarta le rideau, se planta face-public et eut cet éclair de génie en déclamant : « Je lui résistais, il m’a assassiné ! » Triomphe, applaudissement à tout rompre dans la salle. Cette pièce sera joué ensuite dans les théâtres de Paris et province.
Sarah Bernhardt, directrice de théâtre
Dans les théâtres disparus , le plus important était le théâtre de l’Ambigu-comique. Ce théâtre faisait partie jusqu’à dans les années 60 des deux seuls théâtres, avec le théâtre Dejazet, ayant survécu au plan de restructuration d’Haussmann. L’ordre de démolition a été malheureusement donné en 1966 par André Malraux malgré une très forte mobilisation de la profession pour sa conservation. Il abrite désormais une banque. L’une des propriétaires les plus connues fût Sarah Bernhardt qui l’acheta en 1882. L’anecdote de son achat est assez croustillante. Sarah Bernhardt s’était entichée d’un beau jeune homme grec, Damala, Don Juan et piètre comédien.
Un époux et piètre comédien
Pourtant réputée pour avoir de nombreux amants, elle n’hésita pas pour Damala, contre l’avis de ses amis, à l’épouser et à l’imposer dans le rôle d’Armand dans la Dame aux Camélias. Autre pièce à succès de Dumas où la Divine triomphait. La critique et les théâtres n’ont pas été tendre pour son mari. Par amour et afin d’éviter l’humiliation, elle n’hésita pas à trouver une solution qui lui coûtera cher, même très cher. Parmi les théâtres parisiens, elle n’hésita pas à acheter l’Ambigu-comique pour l’y faire jouer et le nommer directeur.
Prête à se ruiner par amour
Elle déboursa des sommes énormes pour la restauration de la salle. Autant dire, que le succès ne fût pas au rendez-vous. Alors qu’elle triomphait de son côté et n’hésitait pas à faire l’éloge de son mari à chaque fois qu’elle le pouvait : « Allez le voir à l’Ambigu, il est admirable ! ». Rien n’y fit. Résultat : l’amant ingrat ne supportant pas d’être dans l’ombre de Sarah, claqua la porte du théâtre et du domicile conjugal.
Les grandes scènes mythiques à Paris
En évoquant Sarah Bernhardt, il est difficile de ne pas parler les théâtres dont elle a eu la gérance. Il y a eu le théâtre de l’Ambigu-comique (vu plus haut), mais aussi le théâtre de la Gaité, le théâtre de la Porte Saint-Martin et le théâtre qui porta son nom place du Châtelet et qui fût rebaptisé en 1990 en théâtre de la Ville. Tous les théâtres de Sarah ont connu, nombreux succès mais aussi beaucoup de fours !
La légende de Cyrano, la pièce la plus jouée
L’un des plus gros succès de tous les temps et la pièce la plus jouée dans les théâtres est incontestablement Cyrano de Bergerac dont la première représentation en 1897 eu lieu au théâtre de la Porte St Martin. Coquelin alors directeur du lieu, joua et créa le rôle de Cyrano. Le personnage de Cyrano fascine et continue de fasciner les comédiens. Beaucoup des scènes sont travaillées dans les cours de théâtre.
Cyrano de Bergerac : la pièce mythique
A l’époque Rostand jouissait d’une bonne réputation. Le succès de sa précédente pièce « La Samaritaine » avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre au théâtre de la Renaissance, lui permettait d’être l’un des auteurs les plus courtisé. Quand il proposa son Cyrano au directeur au théâtre, d’à côté, à la Porte St Martin, il fût accueilli avec enthousiasme. Mais après lecture le soufflet était retombé. Personne ne croyait au succès de cette pièce et les théâtres à Paris n’en voulaient pas. Et puis qui va jouer Cyrano ? Le nom de Sarah Bernhardt fût évoqué mais Rostand, en auteur pragmatique, proposa plutôt le rôle à Coquelin, flattant ainsi son égo et s’assurant d’une programmation assurée.
Une catastrophe redoutée
Après plusieurs jours de répétition et une semaine avant la première, Rostand était en plein doute. D’autant plus que Coquelin trouvait Cyrano ridicule avec son gros nez. Il avait même essayé auprès de l’auteur de voir s’il était possible de supprimer ou diminuer cet appendice. Un ami de Madame Rostand conseilla de supprimer la tirade des nez qui faisait, dit-elle, tomber la pièce dans le ridicule. La comédienne qui jouait Roxane, demanda à ce que son contrat n’excède pas une semaine. Bref, l’ambiance était morose.
Droit vers un four !
Tous les acteurs pensaient que la pièce était trop noire et allait droit vers un four ! Rostand proposa une semaine avant, de renoncer à jouer la pièce, s’excusant d’avoir entrainé le directeur dans cette galère. Trop tard, l’impression des affiches était lancée. Il était impossible de reculer. La première aurait bien lieu.
La pièce entre dans la légende
C’est dans cette atmosphère pesante que les acteurs se retrouvaient sur la scène du théâtre de la Porte St Martin, le soir du 28 décembre 1897. Le tout Paris était présent. Journalistes, hommes politiques et bourgeoisie parisienne. Rostand peu confiant, refusa d’être dans la salle pour assister à la représentation. Il refusa de voir l’échec tant annoncé.
Triomphe dès le 1er acte
A la fin du 1er acte, la salle est en délire. A la fin du 2ème acte, le public est debout, demandant à corps et à cris l’auteur. On va le chercher de force, on le hisse sur la scène et un ministre le décore. Les journalistes n’hésiteront pas à titrer dans leurs journaux : « Un poète est né ! ». Les actes s’enchaînent avec à chaque fois un triomphe à la fin de ceux-ci.
Plusieurs rappels pendant des heures
A la fin de la pièce, le public fera plus de quarante rappels, scandant le nom de Rostand pendant de nombreuses minutes. Les spectateurs se précipitent sur le boulevard pour arrêter les calèches et partager aux passants ahuris qu’ils venaient de voir la pièce la plus extraordinaire jamais vue ! La légende était née et « Cyrano » reste toujours à ce jour la pièce préférée des français.
La Comédie Française
Une autre salle mythique parmi les théâtres à Paris dont il est difficile de passer outre est la Comédie Française. La Comédie Française dit le Français est le théâtre le plus prestigieux et le plus connu de l’hexagone. Pourtant la Maison de Molière n’a jamais vu Jean-Baptiste Poquelin arpenter les locaux ! C’est seulement trois années après sa mort que sur ordonnance du roi, on réunit les deux troupes rivales de l’époque celle de Molière et celle de « L’hôtel de Bourgogne ».
Deux troupes pour une salle
Les deux troupes françaises de l’époque ne s’aimaient pas beaucoup. L’une était spécialisée dans la comédie avec les pièces de Molière et l’autre axait son répertoire sur la tragédie de Racine. Ces deux troupes ennemies se réconcilient en une seule troupe et fondent alors la Comédie Française.
Les théâtres très célèbres à Paris
Les théâtres très prestigieux à Paris ne manquent pas et il ne faut pas hésiter à citer le théâtre Edouard VII, le théâtre du Palais Royal, le théâtre du Ranelagh, le théâtre Mogador, le théâtre du Châtelet, le théâtre Athénée Louis Jouvet, Les Bouffes du Nord etc… Il y a une multitude de petits lieux dont les théâtres ne sont pas très grands comme le Point Virgule, le café de la Gare et plein d’autres. Tous ces lieux font de Paris un lieu unique au monde et contribuent à la richesse et la diversité de la culture théâtrale française.
Dans les cours Lizart, nous tenons à ce que tous nos spectacles de fin d’année puissent se jouer dans un théâtre parisien.